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Inception : un film de rêve ?

Cobb est un voleur de secrets dont la technique consiste à entrer dans les rêves de ses victimes pour récupérer des informations. Traqué par son ancien employeur et interdit de séjour dans son pays, Cobb se voit offrir une mission pouvant lui permettre de retourner chez lui. Mais cette fois, il ne s’agit pas de voler un secret mais d’implanter une idée dans l’esprit du rêveur, ce que l’on appelle l’inception. Evidemment, si en théorie cette pratique semble possible, elle n’a jamais été réalisée. Si vous souhaitez lire la critique du film, lisez mon article sur Choucroute Garnie. La suite de ce billet s’adresse aux personnes qui ont vu le film car il en dévoile l’intrigue.

Christopher Nolan réussit un coup de maître avec ce long métrage impressionnant. Scénario à tiroirs, mondes parallèles, flashbacks, des scènes aux quatre coins du monde, des univers imaginaires. Inception ne laisse pas indifférent, à lire toutes les analyses que l’on peut trouver sur internet. Les symboles qui jalonnent le film mériteraient un approfondissement après plusieurs visionnages (les ponts et les ascenseurs sont par exemple très présents). Bref, l’étude d’Inception pourrait s’avérer être un puits sans fin. Voici quelques visuels histoire de vous rafraîchir la mémoire :

Si ces trois visuels décortiquent à merveille l’architecture du scénario, la construction du film, ils comportent une erreur majeure : croire que le niveau supérieur est celui de la réalité.

Et si tout Inception n’était qu’un rêve ?

Je tiens à préciser que je n’ai vu le film qu’une seule fois et que je me base donc sur mes souvenirs et sur quelques articles lus sur le web. Indépendamment de tout ce qui se passe dans Inception, et qui mériterait une analyse plus poussée après plusieurs visionnages, de nombreux éléments portent à croire que cette théorie est parfaitement logique. Ainsi, je vais passer en revue les point clés qui confirmeraient cette idée que le film en lui-même est un rêve : les scènes d’ouverture et de fin, les personnages et la musique. Je ne prétends pas détenir une vérité, car à mon avis il existe plein d’autres pistes de réflexion, qui par ailleurs ne seraient pas incompatibles avec la théorie que je défends.

La scène d’ouverture

Le film commence sur une plage, Cobb se réveille et est conduit dans un palais japonais. Pas de présentation du personnage, pas de mise en contexte. Les informations nécessaires seront distillées au cours de l’intrigue. Autant le dire, on ne comprend presque rien pendant les 15 premières minutes du film. C’est souvent le cas dans un rêve. De même, ce réveil sur une plage correspond à ce qu’un rêve pourrait être, à savoir que l’on se retrouve au coeur de l’action sans même comprendre comment on y est arrivé. Ce processus est d’ailleurs lui-même décrit dans le film.

Les personnages

Le personnage de Marion Cotillard s’appelle Mall… Une actrice française à laquelle on ajoute des références à la France avec la musique d’Edith Piaf (choix décidé il y a 10 ans, et donc aucunement en relation avec le film « La Môme ») et les scènes dans Paris. Cobb ne se souvient-il pas avoir traversé le pont de Bir-Hakeim ? Il n’y a donc pas de hasard avec ces références à la France. Alors que dire du prénom Mall, normalement une contraction de Mallorie ? Le mal se dit Evil en anglais, j’ai dû mal à croire qu’il s’agit d’une malencontreuse coïncidence même si ce constat peut sembler un peu tiré par les cheveux. Mall est donc bien une partie de l’inconscient du rêveur, sa zone la plus sombre (son personnage est surnommé The Shade, l’ombre), et vraisemblablement un personnage complètement fictif, qui n’a peut-être jamais existé. De même le nom du personnage de Leonardo Di Caprio est Cobb et son ancien employeur s’appelle Cobol. De quoi créer une certaine confusion. Pourquoi Christopher Nolan aurait choisi des noms si proches ? Il y a quelque chose à creuser là aussi. On pourrait donc penser que Cobol serait une création de l’esprit de Cobb. Souvent les rêves s’inspirent de la réalité et ne la modifient que légèrement comme pour ne pas encombrer l’esprit avec des détails. Rappelons que Cobol traque Cobb, cela pourrait confirmer que Cobb est traqué par lui-même. Visuellement, rien ne représente la société Cobol (bâtiment, logo, PDG etc…).

La musique

Un autre aspect accrédite cette thèse : la musique. En effet, la musique de Hans Zimmer est en fait une variation version classique de l’intro de « je ne regrette rien » d’Edith Piaf (par ailleurs le signal qu’il faut sortir du rêve). La différence c’est le tempo, comme si la grille d’accords avait été ralentie. Et il se trouve que dans Inception chaque strate du rêve possède une échelle de temps différente. 5 minutes dans la réalité représente 60 minutes dans la strate d’en dessous et etc… Voici un graphique qui présente ces échelles de temps :

On trouve vraiment tout sur internet ! Revenons à la musique du film : si elle est ralentie dans la supposée réalité, c’est qu’il existe une strate supérieure. Un doute ? Voici la démonstration audio :

La scène finale

Une fois le film terminé, chacun se fait son opinion : la toupie s’arrête-t-elle de tourner ou non ? Pour moi, la réalisation sur un plan technique porte à croire que cette scène fait partie d’un rêve. La manière dont elle est filmée sur un plan technique : rapidité de l’enchaînement des scènes (avion, douanes, taxi et maison en quelques minutes), plans au ralenti, lumière retravaillée. C’est un happy end tellement évident, raccourci et grossier par rapport aux 2 heures 30 qui viennent de passer… le procédé cinématographique indique bien que nous ne sommes pas dans la réalité. Mais la grande feinte, c’est que la toupie n’est qu’un leurre supplémentaire pour nous faire croire que le retour à la réalité est possible. D’ailleurs Cobb lui-même n’observe pas la toupie… comme si cela lui importait peu. Mon hypothèse, c’est que le clap brutal de fin n’est que le kick sensé réveiller le spectateur plongé dans le rêve qu’est le film. La musique, le fameux sample ralenti, est là pour signaler le réveil, à savoir la fin du film. Inception n’est qu’un rêve offert aux spectateurs éveillés que nous sommes. C’est sans doute là que réside sa puissance.

L’incohérence du film

Il ne s’agit pas de faire une thèse sur le film mais quelques remarques glanées sur le net m’ont poussé à approfondir mes réflexions. Commençons par un détail tout bête… (avec l’illustration c’est encore mieux !)

Pourquoi l’entourage de Cobb ne ferait pas venir les enfants en France pour que Cobb puisse les voir. Pourquoi Cobb n’habiterait pas ailleurs qu’aux Etats-Unis ? En Angleterre, en Australie ? Au final, les incohérences d’Inception pourraient être volontaires et justement signifier qu’il s’agit bien d’un rêve. Tous ceux qui veulent donc analyser le film d’un point de vue primaire (je veux dire au premier degré) en se focalisant sur son réalisme seraient donc dans l’erreur… puisqu’il est vain de pointer les aberrations d’une réalité qui n’existe pas. Je crois que la seule chose à analyser dans ce film serait du niveau d’une psychanalyse, l’exploration de l’inconscient du rêveur.

La bague de Cobb

Une autre remarque fait débat sur internet : il s’agit de la bague de mariage ou de fiançailles de Cobb. Il semblerait qu’il la porte à la main gauche dans les rêves et sur la main droite dans la supposée réalité. Les seuls visuels que j’ai trouvés montre qu’effectivement il porte une bague par moment (sur la main gauche), en revanche, à d’autres moments on ne voit pas s’il la porte à droite ou pas du tout.

Comme je le disais plus haut… tous ces détails ont finalement peu d’importance ou alors ne font que confirmer qu’il n’y a pas de réalité. L’anecdote de la bague confirmerait ma théorie que le film est un rêve. Une bague de fiançailles (ou de mariage) se porte sur la main gauche. Il est donc facile de conclure que s’il la porte à droite, ou pas du tout, c’est qu’il ne s’agit pas de la réalité. Ce que je veux dire c’est que ce serait alors l’évidence que Mall est un personnage fictif et n’est donc ni sa femme, ni sa fiancée. Et si Mall n’est pas sa femme, on peut donc s’interroger sur l’existence réelle des enfants, non ?

Les déclarations de Michael Caine

Suite à une interview pour la BBC à l’occasion de la sortie de son autobiographie, Michael Caine a fait quelques révélations intéressantes sur Inception. A propos de la toupie qui tourne : l’acteur anglais explique qu’elle tombe puisqu’il est le seul personnage à n’être dans aucun rêve. Cette scène se situerait donc dans la réalité. Sauf que Michael Caine ajoute qu’il n’est jamais dans les rêves puisqu’il en est l’inventeur… de quoi donc à nouveau semer le trouble et laisser de nouveau libre court au différentes analyses. Quoi qu’il en soit, on peut se douter que Christopher Nolan a tourné plusieurs fins… qui seront peut-être au programme des bonus du DVD et de l’édition Blu-Ray d’Inception dont la sortie est prévue le 3 ou le 8 Décembre 2010.

Cette théorie sur l’idée qu’Inception ne serait qu’un rêve confirme que ce n’est pas un film sur les autres ou sur différents personnages, mais bel et bien un film sur le moi, incarné par le personnage principal, sur une quête personnelle, un combat contre son propre inconscient. La réalisation de Christopher Nolan permet de se poser légitimement la question. Il est bien rare de trouver des films qui interrogent autant et offrent autant de diversité dans l’interprétation. S’il fallait réellement analyser le film, il faudrait le faire comme on analyse d’un rêve, mener un véritable exercice de psychanalyse. Inception ne serait pas un film de rêve, ni un film rêvé mais pourrait être le rêve d’un film.

18 réponses sur « Inception : un film de rêve ? »

La scène d’ouverture : Elle n’est qu’une anticipation de la scene situé a la fin du film ou kobb va récuperer saito, elle n’est pas chronologiquement situé au début du film.

MALL : Ce n’est pas par c e que mall est joué par une actrice francaise qu’elle est francaise. Néamoins les elments que tu donnes semble concordant

La musique : elle est certe plus lente que la version originale mais elle n’est pas de plus en plus lente selon les niveaux de rève, elle est toujours au même tempo…

Le kick a la fin : un kick est une chute et pas un bruit pour moi mais c’est symbolique pour toi

Ta théorie repose sur du symbolique ( les noms des perso et de l’entrepise kobol , le tempo de l’action au début et la fin , le kick a la fin etc) et est donc très subjective mais pas necessairement fausse,

Néanmoins a mon sens il y a quelque chose que je n’arrive pas a comprendre c’est que chaque niveau de rêve permet de passer de plus en plus en plus de temps sans se réveiller, et les limbes le maximum car mall et kobb y restent 50 ans… mais si le niveau 1 de réalité est un rêve alors kobb aurait du se réveiller avant car ce niveau aurait du etre court.

La toupie est celle de Mall donc n’yaurait t’il pas aussi quelque chose a creuser ?

De plus avant tout le long du film elle ne tourne pas dans le niveau censé être réel, donc si dans la scene final il reve alors il n’est pas au meme niveau que le level 1 dans ton schema, a moins que la toupie soit controlée par mall comme j’en fais l’hypothese

Pour moi la clé du film c’est le passage entre le moment ou il est dans les limbes avec mall celui ou il retrouve un saito vieilli et le retour dans l’avion avec ce meme sait, j’ai du mal a analyser ce moment, peut etre devrais je revoir cette scene.

Peut etre qu’il est de retour dans la réalité au moment ou il est dans l’avion mais qu’entre temps ( avant la scene finale) il retourne dans un reve (niveau2) et retrouve ses enfants.

Que penses tu de mes modestes observations, je n’ai vu le film qu’une seule fois egalement ?

waouh quel long commentaire ! bravo pour toutes les précisions.
pour la scène d’ouverture je sais que c’est une anticipation, mais la manière dont elle est filmée m’a donné l’impression décrite dans mon article.
tu l’as très justement précisé : ma vision est très subjective. c’est vrai qu’il reste plein de points à étudier à l’intérieur du film et dans l’articulation entre les différents rêves et personnages mais ce n’était pas mon parti pris en écrivant ce billet… et pour cela il me faudrait voir le film au moins 3-4 fois.
oui pour la musique, elle aurait dû être modifiée à chaque niveau mais ça aurait été complètement incompréhensif pour le spectateur d’un point de vue réalisation.
j’avais trop peu de souvenirs précis pour pouvoir étayer ma thèse avec le totem de mall, la toupie. peut-être que ça la contredirait, peut-être pas…
merci pour tes observations très pertinentes ! en tout cas, on n’a pas fini d’explorer ce scénario, ça fait du bien de voir un blockbuster de cette intelligence.

J’ai moi aussi plusieurs interrogations… Concernant ton interprétation, j’ai lu ça dans un autre forum, d’un téléspectateur qui avait l’air d’avoir bien regardé le film (plusieurs fois peut-être…) :
« Ensuite, la fin, tu peux l’interpréter comme tu veux : soit la toupie va s’arrêter (on le saura jamais), soit elle continuera (on le saura jamais non plus). Mais en fait, la toupie n’est pas son totem (indicateur de réalité) si tu as bien saisi l’histoire car sa femme l’a touché (le propriétaire est l’unique personne autorisée à y toucher). C’est sa bague de fiançailles (ou mariage, je sais plus) : elle est sur sa main gauche dans les rêves et à droite dans la supposée réalité. Et la dernière scène, on voit Cobb sortir la toupie et elle est sur sa main droite, donc… »

ça parait gros l’histoire de la bague… en même temps ça confirmerait ma théorie que le film est un rêve (ok un peu tiré par les cheveux) car une bague de fiançailles (ou de mariage) se porte sur la main gauche. donc s’il la porte à droite c’est qu’il ne s’agit pas non plus de la réalité. ou alors, deuxième argument, ça confirme que Mall est un personnage fictif et n’est pas sa femme puisqu’il porte la bague du mauvais côté.

En tout cas, la toupie est le totem de Mal et ne doit pas être touchée par quelqu’un d’autre (cf scène où l’on veut toucher le totem d’Ariane qui a bien retenu la leçon de Cobb – tiens-tiens, le fil d’Ariane… là aussi, il faut creuser -, ce qui revient à dire qu’il a autre chose : la bague peut-être. En tout cas, sacré film !

UN TRUC TOUT « BETE » :

Si Cobb, à la fin du film, est au niveau 1, même niveau 2 disons, il serait impossible qu’il soit dans un rêve.

POURQUOI ?

On ne peut pas être endormi, dans la réalité, pendant plus de 4 ou 5 jours ! Essayez de ne pas vous alimenter du tout pendant ne serai-ce 2 jours, vous verrez comment votre corps réagit!

CELA PROVOQUE FORCEMENT UN EVEIL ! DONC RETOUR OBLIGATOIRE A LA REALITE

La symbolique autour d’Ariane est assez grossière, parce que le nom même d’Ariane nous met grave sur la voie : dans Inception, Ariane est à la fois l’architecte qui construit le labyrinthe (Dédale) et le fil qui permettra d’en sortir (l’artifice qu’Ariane confie à Thésée pour retrouver son chemin).

Elle est donc l’énigme et sa solution, le maître des clés et Zul, le père Fourras et Passe-partout réunis en un seul personnage (et là, on ne voit plus jamais le personnage incarné par Ellen Page du même œil).

Maintenant, reste à savoir si Leonardo incarne Thésée (qui cherche à tuer le Mell-Minotaure) ou bien un Minotaure qui chercherait à s’enfermer lui-même dans le labyrinthe, à moins qu’il ne soit Minos himself…

Et si Ariane était encore plus fine et psychologue que Cobb pour lui implanter l’idée de tuer la projection de Mall afin de se libérer psychologiquement et mener à terme sa mission…

Salut,
Pas mal tous ces éléments! Je suis d’accord avec cette histoire de bague, mais je rematterais bien le film pour la vérifier!
En attendant, oui, la toupie n’est pas sensé être le totem de Cobb. Je ne pense pas qu’il soit dit clairement et explicitement dans le film que c’est le cas.
Par contre, ce qui est dit, c’est qu’à l’époque ou Cobb et Mall rêvaient ensembles, la toupie était le totem de Mall. Cobb devait donc bien en avoir un à lui, qu’il ne mensionne jamais par la suite, et qui pourrait bien être sa bague.

A part ça, c’est vrai que tous les éléments donnés dans l’article au-dessus sont troublants! Comme la symmétrie entre les noms « Cobb » et « Mall ». D’ailleurs, j’ai cru voir un truc, mais non. Attention, mode conspiration « ON »:
Si on convertit les lettres de ces deux prénoms en numéros (position dans l’alphabet: a=1, b=2…)
Alors, on se rend compte que si on ajoute « 10 » à toutes les lettres du mot « Cobb », ça fait … « Myll »… Bon, bin raté! Mais c’est pas si loin? dommage, ça aurait amené une pièce au dossier « Cobb et Mall ne sont qu’une seule et même personne »… mode conspiration « OFF ».

Bon, sinon, à part ça, un truc que je comprends pas et qui m’a turlupiné (mais j’ai vu le film qu’une fois il y a 1 mois, donc aidez moi si c’est juste un oubli)!:

A la fin, Saito et Cobb sont dans les limbes. Cobb arrive à rappeller à Saito qu’il est dans un rêve… Après, il sort un gun. Et il est me semble-t-il sous entendu qu’ils se tuent (l’un tire sur l’autre puis se suicide), pour remonter à la surface… Sauf qu’au tout début du rêve, niveau 1, il est dit qu’ils sont tellement shootés dans la réalité qu’ils ne peuvent pas se tuer en rêve pour se réveiller. Donc… Soit les autres, revenus à la réalité, ont coupé l’injection de sédatif. Soit le sédatif ne faisait plus effet… Soit… Cobb ne sort en fait jamais des limbes, et la fin où il retrouve ses gosses n’est effectivement qu’un rêve… Non?

j’ai emmené ma mère le voir (elle insistait, même si je pensais que cela ne lui plairait pas vraiment)

Tout ce qu’elle a trouvé à dire dessus : « C’est un film de drogués »

Ouais, pas si faux, M’man…

Il me semble assez vraisemblable que Cobb choississe de garder sa bague de mariage a la suite de la mort de sa femme. Seulement, n’etant plus marie, et utilisant la bague comme totem, il la porte a la main droite, ce qu’il lui donne la signification differente qu’elle a. hmm?

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