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Docteur Joey et Mister Barton

Et oui, encore un énième article sur Joey Barton. Sauf que celui-ci ne parle pas de football. La plupart des sites et des articles de presse décrivent Joey Barton comme un bad boy, compilant ses pires frasques, rappelant que son petit frère est en prison pour meurtre, il est temps de se faire une autre idée du natif de Huyton, banlieue pauvre de Liverpool.

Il ne s’agit pas de minimiser les excès de Joey Barton, mais simplement d’apprendre à le connaître pour tout ce qu’il est. Qualifié de boucher, malade mental et psychopathe, rien que ça, par Pierre Menès, Joey Barton ne peut être réduit qu’à cette seule description. Comme souvent, il suffit de gratter la carapace pour découvrir qui se cache derrière son parcours atypique. On découvre alors un joueur humain, un personnage attachant, contrasté, loin des coquilles vides qui foulent habituellement les pelouses. Joey Barton est un enfant de la rue, un mec entier, avant tout passionné par son sport.

Ancien grand espoir du football anglais, milieu infatigable, ses frasques lui ont fait rater le train de la sélection nationale où il ne compte qu’une sélection. Assez pour se payer la tête de Frank Lampard lorsque le milieu de Chelsea change de table pour ne pas être à côté de l’enfant terrible de Liverpool, ce dernier déclare : « c’est bon je ne vais pas voler ton petit déjeuner, gros con ». Si les performances de Joey Barton sont bonnes sur le terrain, ses bagarres avec ses coéquipiers à l’entraînement, dans la rue, ou ses cartons rouges en match lui valent d’être transféré de Manchester City à Newcastle puis à Londres, chez les Queens Park Rangers. La presse fait les choux gras de ses séjours en prison, de ses cures, et oublie l’essentiel, le jeu.

En 2007, Joey Barton fustige les joueurs de l’équipe d’Angleterre qui ont publié une autobiographie après la Coupe du Monde 2006 : « Pourquoi sortir ces livres ? L’Angleterre n’a rien fait pendant cette Coupe du Monde. « Nous avons été battus en quart de finale, j’ai joué comme une merde, voici mon livre » Qui veut lire ça ? ». Le trentenaire n’hésite jamais à critiquer ses pairs comme il l’a fait récemment avec Gary Lineker et Alan Shearer, consultants pour une émission de la BBC. Barton leur a publiquement reproché d’afficher ostensiblement leurs montres de luxe à l’antenne histoire de faire un peu de publicité clandestine et sans doute grassement rémunérée.

Un joueur hanté par l’humilité, qui sait d’où il vient et ne l’oublie pas : à Manchester City, il se plaignait du jeu de l’équipe, mettant en avant le prix élevé des billets pour le stade, des supporters  travaillant dur pour se les offrir et qui, au final, n’en avaient pas pour leur argent. On est loin de cette image bling-bling du football, des joueurs qui ne semblent pas concernés par le monde dans lequel ils vivent. Barton est du genre à coller des baffes à ses coéquipiers dans le vestiaire s’ils n’ont pas tout donné sur le terrain. Avec lui, le fighting-spirit prend son sens littéral comme (dé)figuré. Oui, Joey Barton est un homme qui vit pour le football. Professionnel à l’extrême, il a même préféré participer au dernier Boxing Day (match qui a lieu le lendemain de Noël) plutôt que d’assister à l’accouchement de sa compagne Georgia McNeil qui donnait alors naissance au petit Cassius Barton.

Aujourd’hui en quête d’une énième rédemption, c’est à Marseille que Joey Barton s’offre une dernière chance de faire taire ses détracteurs. Une belle histoire d’amour semble débuter entre les supporters phocéens et notre homme. Combatif, grande gueule et peu avare de ses efforts sur les pelouses, Joey Barton a déjà conquis le cœur des ultras notamment par ses déclarations sur twitter, en français dans le texte. Il ne jouera qu’une seule saison sous les couleurs olympiennes mais il a tout pour devenir un joueur emblématique, une idole. Car Joey Barton fait partie de la race des footballeurs rockstar comme seul l’Angleterre en connaît : George Best, Paul Gascoigne, Robin Friday, Tony Adams… la liste pourrait être longue. A l’instar de ces icônes, Joey Barton est un électron libre qui l’ouvre quand il a envie de l’ouvrir.

Témoignage de sa liberté de ton et d’expression, la présence du joueur sur internet et les réseaux sociaux. Hyperactif sur Twitter et Instagram, son site ressemble plus à un blog où il poste ses réactions, parle de politique, de culture et aussi de football. Il ose même écrire un article sur le bon usage de la grammaire, confessant qu’il fait des fautes mais aime progresser au fil du temps. Imaginez un instant Franck Ribéry faire la même chose sur un blog perso ? Toujours sur son site, Joey Barton expose son point de vue, suivant un plan très scolaire thèse, antithèse, synthèse sur l’utilité de la Famille Royale. Il s’interroge sur les projets de taxes du gouvernement, il se plaint du coût des Jeux Olympiques. Et quand il s’agit de culture, en bon anglais, Barton parle musique, s’affichant au côté de Morrissey avec un t-shirt des Beastie Boys, il donne son top 5 : The Smiths, Oasis, The Beatles, Artic Monkeys et The La’s. Pas mal…

Hors du terrain, on découvre donc un homme qui aime la philosophie, s’intéresse à la politique. Preuve de son implication dans les problèmes société, il est devenu un des porte parole de la cause des 96, les familles des 96 morts de la tragédie d’Hillsborough (spectateurs décédés lors de bousculades) qui se battent pour que la justice condamne les responsables. Il profite aussi de cette liberté d’expression pour raconter qu’il a lu Nietzsche en prison, qu’il a changé, est devenu un autre homme mais ne pourrait pas être ce qu’il est sans avoir vécu ce qu’il a vécu. Sa sincérité le maintient à la limite de la caricature. Dans une rubrique plus personnelle, The Journey, il revient sur les moments clés de sa carrière et les incidents qui ont émaillé celle-ci. Malgré tout, certains de ces propos laissent dubitatif : « Je pense que certaines personnes confondent les problèmes de moralité et de violence. Tu peux être violent, presque barbare et avoir de bonnes valeurs morales ! »

Accusé à tort d’avoir tenu des propos homophobes à l’encontre de Fernando Torres, Joey Barton est en première ligne dès qu’il s’agit de défendre la cause de l’homosexualité, dénonçant l’archaïsme dont font preuve les professionnels du foot en Angleterre : « Ma seule crainte c’est que les dirigeants et les individus continuent la discrimination. Ils pensent qu’avec des footballeurs gay il n’y aurait que des problèmes dans le vestiaire. C’est une erreur de leur part, un manque de conscience sociale et d’intelligence ». Toujours au rayon « implication », le milieu de terrain anglais écrit des éditos dans un journal pour les sans-abris.

Il faut le suivre sur internet pour comprendre que Joey Barton est un bonhomme tout ce qu’il y a de plus banal. Pas de photos de voitures ou de soirées sponsorisées… non, il préfère prendre une photo du concert des Stone Roses à Manchester. Quelques photos de vacances au Maroc, de ses deux chiots dans la forêt, mais le cliché le plus amusant reste celui où l’on voit Barton boire un thé, un scone à la main, avec un t-shirt des Beatles et un papier peint à fleurs comme décor. So british. Fan absolu des Smiths, il a même lancé une campagne médiatique dans les journaux outre-manche pour la réunification du groupe de Morrissey, proposant de faire l’intermédiaire entre les membres.

Certes, sa normalité apparente n’en fait pas un enfant de chœur. Joey Barton a grandi dans un quartier de banlieue où la loi du plus fort est de mise. Sa détermination à vouloir se sortir de ses problèmes d’alcool, ses dons régulier pour la Sporting Chance Clinic de Tony Adams qui aide les sportifs à soigner leurs addictions, montrent un homme qui se bat face à lui-même et le sait. Stigmatiser ses points faibles, sa fragilité, n’est sans doute pas la démarche la plus intelligente qui soit, même si aujourd’hui tout le monde s’en donne à coeur-joie.

Nombre de journalistes français restent sceptiques sur les chances de réussite du joueur. Il est vrai que l’on en sait peu sur son état de forme et ce n’est qu’en novembre, après avoir purgé ses matchs de suspension, que l’on pourrait voir Joey Barton fouler pour la première fois les pelouses de L1. Dans un monde du football aseptisé, où l’opinion publique se plaint du manque de motivation de joueurs pourris gâtés, Joey Barton fait exception, et rien que pour ça, son arrivée en L1 est une petite révolution.

9 réponses sur « Docteur Joey et Mister Barton »

Je te conseille de lire les 22 pages et 327 archives du Guardian ou figure Joey Barton depuis 2004 :)
http://www.guardian.co.uk/football/joey-barton?page=22

Il y a un paquet de trucs (intéressant ou non, c’est du journalisme anglais) pour cerner le joueur. Pour certain, c’est « un abruti qui copie colle du Nietzche sur Twitter », pour d’autre un gars normal qui représente la banlieue Anglaise avec un coté incompris qui le révolte.

Son plan blog/twitter est aussi la pour l’aider à se refaire une image : http://www.guardian.co.uk/football/2012/apr/15/joey-barton-website-plan

il est les deux à la fois…
pour son image via son site et twitter, au moins je lui reconnais de le faire lui-même, pas d’agence ou de sponsor derrière pour « soigner la communication » comme on dit.

ce qui m’amuse chez certains commentateurs français c’est leur discours sur l’équipe de france : les mecs ne sont pas concernés, ne pensent qu’au fric, ne mouillent pas le maillot… et on ne parle pas de leurs qualités. parallèlement pour joey barton : on ne parle que de sa violence mais pas de son professionnalisme, de son implication, de sa motivation. la critique est facile.

pour les 22 pages du guardian, j’attends ta synthèse, j’imagine que tu les as toutes lues ahaha

Hahaha je pensais que tu allais les lire :)
En gros résumé, ça dit que c’est un connard et qu’il va plonger l’OM dans le chaos :) #troll (c’est pas vrai j’ai lu 4 articles puis je suis passé à autre chose :)

ahah je vais y jeter un oeil (enfin là je commence à en avoir marre de lire des articles sur joey barton depuis 5 jours) histoire d’approfondir encore cet article. tu pourras ainsi dire que tu as contribué à son amélioration et enfin le RT sur twitter.

J’ai bien aimé les banderoles que les ultras lui ont réservé dimanche. Il a les clés en main pour devenir la prochaine idole du vélodrome.

Twitto très intéressant à suivre, il le sera encore plus, maintenant qu’il vit en France :)

Joey Barton va faire du bien à l’OM, car c’est un homme de caractère et mouille le maillot à chaque match pour apporter la victoire à son équipe.

Ces débord en dehors des terrains resurgit bien évidemment mais c’est du joueur de foot qu’on devrait parler le plus!

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