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Oui Fabrice !

L'ACTEUR FABRICE LUCHINI

Invité du journal télévisé, Fabrice Luchini commente l’actualité à sa manière… avec sa légendaire emphase et son ironie incisive. Sauf que cette fois-ci ce n’est pas drôle. C’est même sans doute le pire moment pour se permettre ce genre de parade médiatique.

Alors cher Fabrice je vais te faire une réponse de normand : non ce n’est pas dur d’être de gauche. Oui c’est dur d’être de gauche. Je te le confirme : ça demande beaucoup d’efforts !  C’est même fatiguant de s’imposer une honnêteté intellectuelle…  Celle-là même qui nous conduit à nous indigner autant de la politique menée par un ministre PS qu’un ministre UMP.

Personnellement j’adorerais que le Figaro soit aussi critique avec l’UMP que Libération peut l’être avec le PS, j’adorerais que les soi-disant ex-UDF et gaullistes rejettent publiquement la frange fascisante de la droite dite républicaine. De notre côté, quand nous sentons que le danger est peut-être même dans notre camp, nous gueulons. Tout est une question de valeurs, des valeurs qui prévalent avant la logique de parti. C’est aussi ça être de gauche.

Quand Cécile Dufflot ou Arnaud Montebourg critiquent ouvertement la politique de Manuel Valls, je ne peux oublier le silence hypocrite et donc complice de Fadela Amara ou Rama Yade, toutes deux symboliquement nommées, face au discours de Dakar, aux blagues douteuses d’Hortefeux, au débat sur l’identité nationale, sans parler des droits de l’homme en Chine et du camping hallucinant de khadafi dans les jardins salis de notre République. Je préfère encore une équipe qui paraît en désaccord que de bons soldats qui ne mouftent pas lorsqu’on bafoue des valeurs fondamentales.

Et oui camarade Fabrice, il y a des valeurs qui n’acceptent aucun compromis et peu importe la stratégie politique, il est vital de savoir rester fidèle à celles-ci. Cet effort de rigueur et de vigilance intellectuelle c’est celui qui se développe avec notre esprit critique, celui qui nous pousse à nous cultiver au lieu de nous divertir. Le progrès se gagne aussi ainsi. Il est bien trop facile de se laisser porter. Tout ça demande un effort, mais exige aussi du respect de la part des oisifs qui s’abreuvent de démagogie et de populisme, de caricatures et de raccourcis intellectuels.

Tu parles des gagnes-petits comme Raffarin parlait autrefois de la France d’en bas. Tu vantes leur manque d’ambition, toi le vendeur de chaussures devenu acteur. Il est bien dommage que ton talent n’ait servi que ta personne et que tu ne l’aies jamais mis au service des autres. Toi Fabrice, après tout ce que je viens d’écrire, tu en serais presque à admirer ceux qui regardent les téléfilms de TF1 ou les émission de M6 pendant que tu lis du Céline dans un théâtre… et pour t’avoir vu le faire, ça demande un effort d’aller te voir, de t’écouter, d’aimer et de comprendre Céline. Et bien vois-tu, la politique c’est un peu pareil.

Bien sûr je relative tes propos, je t’imagine vociférant devant ta petite cour à la terrasse d’un café rive gauche, la situation m’amuserait presque. Devant des millions de téléspectateurs, ta posture prend une autre dimension. Cher Fabrice, j’aurais aimé, commentant l’actualité politique et citant en exemple Josiane Balasko, que tu prennes plutôt le temps de nous dire ce que tu penses des déclarations d’Alain Delon. Tu aurais ainsi fait preuve de courage et d’engagement.

Finalement ce n’est pas si dur d’être de gauche. La lâcheté est l’apanage des faibles, des mesquins et des trouillards. Se placer au-dessus des débats en simple observateur narquois et cynique est tout aussi lâche, voire même vicieux et pernicieux dans le contexte actuel. Je pense à ceux que la politique n’intéresse pas, qui ne se placent nulle part. Ce qui est facile c’est de se cacher, de se planquer, de se désintéresser… et c’est encore pire lorsque cette attitude se drape dans ton snobisme dédaigneux.

Fabrice, ce qui est « dur », c’est de t’aimer autant que j’ai pu t’aimer. Ce qui est « dur » c’est d’entendre tes critiques, tes saillies railleuses d’ordinaire prononcées par les haineux, les minables et les ignares. J’adorerais dire que j’aime Fabrice Luchini ! Et bien si cela me demande beaucoup d’effort, je suis pourtant prêt à le faire car mon coeur est grand et il le restera. Je ne suis pas rancunier, je donne toujours une deuxième chance, je m’ouvre toujours au dialogue, je ne ris jamais de ceux qui sont dans l’action, je ne condamne jamais pour l’éternité et je crois en l’humain… c’est aussi ça être de gauche.

7 réponses sur « Oui Fabrice ! »

J’aimerais liker mais ce n’est pas possible alors je te dis juste : totalement d’accord et merci. (Et des bisous, aussi).

J’ai vu l’extrait de la vidéo, cela ne m’a pas choqué. Je n’ai jamais eu de TV, alors je ne mesure peut-être pas bien la portée médiatique. Mais je pense être de gauche, au sens où tu l’entends (même si j’ai rendu ma carte au PC en 2000, et que je ne vote plus).
En revanche, j’ai été très déçu qu’il soutienne Sarko (comme Depardieu) ! ah les cons !
Et Khadafi, pour moi n’a pas sali les jardins de la République, c’est plutôt la République que je trouve sale sur ce coup là ;-)

c’est vrai que pris seul, l’extrait n’est pas choquant… en fait je me suis surtout énervé parce qu’à chaque interview Luchini se sent le besoin de taper sur la gauche et les gens de gauche. qu’il s’implique en politique, qu’il propose des idées si la politique le passionne tant ! et surtout qu’il prenne alors des positions ! donc là c’était un peu la goûte d’eau, surtout en pleine affaire leonarda, les réfugiés de lampedusa, en pleine crise économique et avec la montée du FN, il fallait que ça sorte. voilà :)

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